vendredi 15 mai 2015

Euskal Trail 2015


Le programme était alléchant : 130km 8000mD+ au Pays Basque. La possibilité de courir en individuel ou en duo c'était aussi l'occasion de faire une répétition en équipe avec Tony en vue de la PTL au mois d'Aout.

Le Pays Basque est vert nous savons maintenant pourquoi. Après un début de semaine torride selon les gens du coin, la météo a viré à l'humide. Et quand il pleut ça peut durer. 

Le départ de la 2ème édition de l'ultra trail est prévu le vendredi à 6h du matin et il faudra être rentré en 35h maximum.

Yapluxa comme on dit là-bas ;-)

Le long pont de l'Ascension nous permet de descendre la veille en avion jusqu'à Biarritz où une pluie fine nous accueille. Une petite heure de route pour rejoindre Baïgorry camp de base de l'Euskal Trail. 



On récupère nos dossards, le sac de la base vie et la belle dotation d'avant course avec quelques produits locaux (chichon, irouleguy) t-shirt, manchons, un pad siglé qui sera utile à l'arrivée, ... 



On prépare nos sacs intermédiaires qui seront amenés au km72 et direction la pasta. A 21h on rejoint notre chambre d'hôte à 6km du départ. Il pleut toujours.

Vendredi réveil 5h, la personne qui nous accueille s'est levée pour nous préparer le petit dej, merci à elle. Il pleut toujours.
On rejoint Baïgorry où nous sommes obligé de nous battre avec un gentil bénévole d'un bon quintal qui vent absolument voir notre laissez passez qui permet d'accéder au parking réservé à l'ultra. Je suis obligé d'aller dans le coffre pour trouver ce maudit papier. Il pleut toujours.

La troupe se retrouve à l'abri sous le barnum en arrière du départ en attendant le coup de feu. Il pleut toujours.

On va régler tout de suite le problème de la météo pour ne plus y revenir. C'est simple il a plu du début à la fin. Le température était supportable mais le vent en rafales à changer la donne, le ressenti était beaucoup plus bas notamment sur les crêtes. Si vous voulez tester votre tenue de pluie, savoir si tous les schmerbers sont bien là c'est sur cette course qu'il faut venir. 

6h c'est parti avec la musique et les fumigènes, il pleut toujours (ah pardon j'avais dit que je n'en parlais plus).
photo Euskal Trail association



photo Euskal Trail association

























photo Euskal Trail Association
Avec Tony nous partons derrière tranquillou, 130km c'est long et il pl... toujours. Quelques centaines de mètres de goudron et on attaque la 1ère montée aux antennes de Jara un peu plus de 600mD+. 

On traverse le célèbre vignoble Iroulégui


Pointage au pylone le vent souffle fort et en rafales.



On part ensuite plein Est sur la crête. Les rafales de vent sont si fortes que nous sommes déstabilisés. La pluie et le vent ont raison des dossards ça vole dans tous les sens. Tony récupère in extrémis ma puce qui s'est détachée du dossard je la range dans la poche de ma veste, il perdra la sienne un peu plus loin. On a pas fait 10km que c'est déjà la panique pour le pointage des coureurs.


franchissement de cloture
On descend sur l'autre versant pour retrouver un peu de calme à l'abri de la forêt.


Franchissement de la rivière par un ancien pont ferroviaire. 
Remontée dans une belle forêt de chênes noirs et de fougères.

Une furtive éclaircie nous laisse espérer un court instant l'amélioration annoncée. Tony me fait le coup d'enlever sa veste de pluie pour la remettre 5mn après.



Km19 on arrive au 1er ravito, bref arrêt on repart direction la frontière franco-espagnole.


Au pied de la partie rocheuse on devine le couloir de sortie.
Sur le sentier qui monte à flanc un coureur me précède de 15m. En passant un rocher anodin il bascule en arrière et tombe à la renverse sur le sentier. En tombant sur le dos sa poche à eau explose et je le vois rouler doucement dans la pente. Je le bloque rapidement et tente de lui parler, aucune réponse sur le moment. Puis il me dit qu'il sait fait une entorse, son pied tremble. Je l'aide à se stabiliser sur le sentier il reprend ses esprits. Impressionnant sur l'instant ça semble moins grave que prévu, il ne pourra pas continuer mais il va tenter de redescendre au ravito. On prévient l'organisation et on continue.
Le final du couloir droit dans la pente est ardu. On sort sur la crête frontière où le vent souffle fort à nouveau.
On file désormais plein Sud avec le vent dans le dos c'est moins pire. Nous sommes sur le GR10.

Courte incursion en Espagne puis on retrouve la ligne frontière jusqu'au col d'Ispéguy au km30. On y trouve le ravito 2 où il ne reste plus grand chose, quelques morceaux de bananes et d'oranges. Le fromage et autre nourriture salée annoncés dans le règlement ont disparu, il n'y en aurait plus nous dit on. C'est bien dommage d'autant qu'il y a encore du monde dernière nous. Avec ces conditions météo ce n'est pas fait pour améliorer les choses. 


Dans la montée d'Autza (1305m) on se fait doubler par 3 féminines qui montent en discutant à une allure qu'on a du mal à tenir. Au sommet 2 bénévoles courageux nous regardent passer avec un bonjour sympa. Ils étaient censés pointer nos dossards mais trop de coureurs l'ont perdu. Dans la descente les 3 filles nous ont largués et avec le brouillard on y voit pas à 50m.
Km41 on quitte la crête frontière pour 3km de descente sur le village d'Aldudes et le ravito 3, il est 15h23 quand nous rentrons dans le trinquet nous avons mis plus de 9h pour faire 45km.
On trouve l'ami Benos qui lui aussi est parti bien équipé.
Nous sommes au Pays Basque, il y a un trinquet dans chaque village et c'est bien pratique pour y installer un ravito à l'abri. 
Je mets la polaire sous la veste car la température baisse et on risque de prendre la nuit avant la base vie. Un peu de NOK sur les pieds qui sont restés au sec. 
J'en profile pour dire un mot sur mes chaussures HOKA Tor Speed WP. Ces 2 dernières lettres sont les plus importantes car elles signifient Water Proof. Je peux dire que j'ai été bluffé par l’étanchéité de ces chaussures. Elles ont une tige montante et avec le pantalon de pluie par dessus j'ai gardé les pieds au sec toute la course. 
Après une bonne pose on repart en compagnie de Benos pour 4km de montée sur la crête frontière. On suit la cloture barbelée sur quelques km puis on bascule en Espagne pour une dizaine de km sur le GR11. Le temps est magnifique, grand soleil sur les Pyrénées, non je déconne ;-)
Au ravito d'Urkiaga km58 on commence à sentir la mauvaise tournure des événements. Les bénévoles nous annoncent que devant certains se sont perdus, qu'il y a de nombreux abandons, des hypothermies, du coup la montée sur Adi (1458m) est shuntée, on reste sur le GR11, 200m en dessous le sommet. On perd ou on gagne ça dépend comment on le voit, 2km en distance. 
Le vent souffle toujours aussi fort et le terrain devient impraticable par endroits à cause de la boue. Les 900 coureurs du 40km sont passés avant nous et ça n'a pas arrangé les choses.
Au km62 on bifurque au Nord direction la base vie à 10km. On repasse la frontière.
passage de la frontière
Cette portion restera mémorable. On ne compte plus les gamelles dans l'herbe détrempée et dans la boue, on fait des figures inédites en course. Dans les descentes certains se laissent glisser sur le cul tellement le sol est glissant. Dans les parties en dévers la trace est impraticable. 
Le jour décline, les derniers km sont plus roulants et on tente de rallier Urepel sans sortir la frontale. 
Nous entrons dans la base vie à 21h50, il nous a fallu 16h pour 72km mais il parait que le terrain est plus facile ensuite, on n'est pas convaincu. 
On récupère nos sacs de change. Je suis relativement sec sous la tenue de pluie. Seule la transpiration a humidifié la 1ère couche. J'enfile les 5 couches de vêtements que j'ai dans le sac, il vaut mieux être prudent.
Les podologues sont disponibles j'en profite pour faire un contrôle des pieds qui sont encore en bon état. Je ne change pas de chaussures je garde mes Tor Speed WP magiques pour la suite. 
Nous passons ensuite manger un bol de pâtes et une soupe, le repas reste succinct. Un petit point négatif de la course est la nourriture sur les ravitos. Ce n'est pas le fait qu'ils soient légers (on prend nos précautions dans ce cas) c'est plutôt qu'il n'y a pas ce qui est annoncé dans le règlement. L'alimentation est importante en ultratrail, on se délectait d'avance du saucisson, jambon, pâté, fromage, cakes aux fruits, rien de tout ça. Il faut se contenter des classiques bananes, oranges, tuc, ... 
1h20 d'arrêt en tout, nous avons de la marge sur la barrière horaire, on repart confiants pour une nouvelle incursion en Espagne à la frontale. 700mD+ sur un sentier qui parait plus pentu sur le profil. 
Après 2h de montée, à l'approche du col 3 frontales arrivent en face. Sur le moment je pense à des bénévoles qui redescendent mais ce sont des coureurs. L'annonce est terrible sur le coup, la course est neutralisée. Je n'y crois pas. Un groupe de 4 arrivent derrière nous et on se retrouve avec une quinzaine de coureur à se demander ce que l'on fait, nous sommes tous prêts à continuer. On tente d'appeler l'organisation mais il n'y a pas de réseau. Les bénévoles sont formels la course est stoppée, ils embarquent 3 coureurs dans le 4x4 et nous demandent redescendre à pied.
On râle encore 10mn et on finit par se décider à redescendre. Il faut respecter le choix de l'organisation qui doit avoir les éléments pour une telle décision. J'ai quand même bien les boules. j'aurais attendu mon 75e ultra pour connaitre cette situation. 
Dans la descente un bénévole vient à notre rencontre pour n'oublier personne. Ils ont positionné des 4x4 à 3km de la base vie pour nous ramener. A 2h du matin nous revoilà à la base vie bien triste cette fois. On embarque dans un minibus pour un rapatriement à Baïgorry. 
Le buffet à l'arrivée nous redonne le sourire, il y a cette fois tout ce qu'il faut et même plus. Après s'être restauré on prend une douche et on va dormir 2h dans la salle voisine en attendant le retour de nos sacs. 
Vers 11h nos sacs arrivent enfin. L'organisation décide de donner la veste finisher à tous ceux qui ont été arrêtés après la base vie. C'est sympa car la veste est belle et de bonne qualité. 
Nous aurons fait 87km et 5000mD+ en un peu moins de 20h. Seulement 6 coureurs et un duo ont franchis la ligne d'arrivée.
Il faudra revenir pour finir la boucle, de préférence avec le soleil car les paysages doivent être magnifiques.
Le site de la course
    

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