lundi 6 avril 2015

5 jours au Paradis

Tour du Grand Paradis (Ski Rando) 2015
Sommet du Grand Paradis (4061m) 
Quand on vous propose d'aller 5 jours au Paradis vous ne pouvez pas refuser.

Au départ nous devions faire la légendaire mais très fréquentée traversée Chamonix-Zermatt. Nous avons finalement préféré le Paradis et on ne l'a pas regretté.

Lundi matin départ 6h de la région parisienne avec Tony direction Chamonix. Vers 12h on récupère François et Ingo devant le casino de Cham, l'équipe est au complet pour une semaine au Paradis.


Au bout de l'autoroute le Mont-Blanc sous le soleil
Tunnel du Mont-Blanc, Courmayeur, Cogne et remontée de la vallée de Valnontey direction le massif du Grand Paradis. Déballage du matériel c'est pratique un gros pick-up, on s'équipe sur le parking. Je suis le seul avec des skis à fixations à plaques et aux pieds mes Salomon Verse qui ont 20 ans, le poids est pénalisant en ski rando, je vais le vérifier à chaque portage. Ingo nous sort son matériel tout neuf (sac, chaussures et skis), en soupesant ses skis je comprends la différence. Promis j'investis dans du matériel moderne pour la prochaine sortie. 
Préparation au d


Jour 1 : Carrières-sur-seine (27m) - Valnontey (1666m) - Refuge Vittorio Sella (2584m) - (d+ : 918m ; d- : 0m) 

Départ à 16h30 du parking au milieu des chamois qui paissent dans le champ à 50m, pas farouche les bestiaux. 


1h de portage sur un bon chemin dans la forêt pour s'échauffer, l'altitude se fait déjà sentir. Vers 2000m on peut chausser les skis et sortir les peaux. On passe les bergeries de Lapacieu et du Gran Lauson, le refuge est en vue. 

Arrivée au refuge vers 19h, le soleil disparaît derrière le col Loson (3299m) bien connu des géants du Tor. Nous arrivons juste pour le repas, timing bien calé quand on se rappelle que le matin on était en région parisienne.
Le soleil disparait juste avant notre arrivée au refuge

Le refuge Vittorio Sella (2584m) est surement le plus accueillant de ce tour. Le gardien est sympa, la gardienne charmante et tout le monde parle français comme dans tout le Val D'Aoste, il n'y a d'ailleurs que des francophones dans le refuge, français, suisses et belges. La cuisine est excellente, le petit dej copieux et ils vous préparent un casse-croûte pour le lendemain. Nous étions logés à 4 dans une chambre de 6 lits, le top.

Jour 2 : Refuge Vittorio Sella (2584m) - Gran Serra (3552m) - Col Gran Neyron (3414m) - Refuge Chabot (2750m) - (d+ : 1482m ; d- : 1316m)

Lever 6h, petit dej 6h30 pour un départ à 7h15. La météo est au beau fixe, il ne fait pas froid et on va rapidement être au soleil, protection 50+ obligatoire. 
On commence par 1000m D+ et l'altitude se fait sentir, ma progression est laborieuse. Après réflexion on aurait du rester une journée à Vittorio Sella pour s'acclimater en faisant un petit vallon à proximité. 

Environ 3h pour monter tranquillou jusque sous le sommet de Gran Serra. Les 100 derniers mètres sont en mixte avec un passage un peu délicat. 

Arrivée sous Grand Serra
On chausse les crampons, les skis sur le sac et on s'encorde. Toutes les cordées sont là en même temps et ça bouchonne un peu. Après une petite hésitation on choisit le passage rocheux pas super sécurisé mais ça passe. Quelques mètres sur l'arête aérienne avec vue sur le Cervin et le Mont Rose. La descente par le couloir enneigé sur 50m aurait été plus simple en posant un rappel. On décide de rester encorder, encore une fois un peu limite mais la neige est de bonne qualité pour les crampons. 

Dépeautage, on chausse pour une 1ère belle descente dans la poudreuse. Vers 3000m il ne faut pas rater le petit col qui permet de basculer sur le glacier du Gran Neyron sous peine de se rajouter 500m D+. Courte pente à 35° exposée Sud, la neige est encore bonne à cette heure. Traversée à flanc, on fait une pose casse-croute avant d'attaquer la montée suivante.
Col du Gran Neyron (3414m) droit devant 
400m D+ sur une pente douce pour commencer puis plus soutenue sur le final. En montant le passage du col parait simple mais la bascule par l'extrémité gauche nécessite un déchaussage des skis. On passe une nouvelle fois en crampons pour passer la crête et basculer sur le glacier du Montandayné par une petite traversée un peu expo, on surveille sur la gauche si ça parpine pas, on est en milieu d'après-midi et ça chauffe. 
Versant italien du massif du Mont-Blanc
Longue descente jusqu'au refuge Chabot (2750m) sur une bonne neige de printemps. Nous arrivons au refuge vers 17h. 

Refuge Chabot (2750m)
On peut savourer tranquillement une bière bien méritée après cette longue et éprouvante journée pour moi, j'ai souffert de l'altitude. La météo de rêve et les paysages font oublier tout ça et ça ira mieux demain.
Réhydratation avant le repas
Jour 3 : Refuge Chabot (2750m) - Grand Paradis (4061m) - Refuge Victor Emmanuel (2732m) - (d+ : 1311m ; d- : 1329m)

Aujourd'hui le, profil est simple, une grosse montée de 1300m D+ suivi d'une grosse descente de 1300m D-, il faut quand même monter au-dessus de 4000m. Du refuge on aperçoit l'épaule à 3850m qui permet de basculer sur le glacier donnant accès au sommet.

Itinéraire de montée vers le Paradis

Le départ du refuge commence par une courte descente raide et gelée. François nous gratifie d'un départ sur les fesses en ramassant au passage le guide d'un autre groupe. Il râle un peu mais rien de grave. 
Peautage au pied de la pente et c'est parti pour une longue montée vers le Paradis.
L'épaule est déjà au soleil
Arrivée sur l'épaule à 3850m  le passage glacé nécessite un passage en crampons avant d'atteindre le replat suivant. On rejoint ici la voie normale d'accès au Grand Paradis. 
J'arrive sous l'épaule vers 3800m
On rechausse les skis pour le final. Ingo est parti devant ce matin, il nous aura mis presque 1h dans la vue. 
L'altitude se fait sentir, le souffle est court. On passe les 4000m en arrivant au col qui est sous le sommet. Il y a la foule des grands jours. Vue dégagée à 360° sur les Alpes : le Thabor au S-O, le massif des Ecrins, le massif du Mont Blanc, le Cervin et le Mont Rose au N-E, pas un nuage à l'horizon.
Arrivée au col
Cervin et Mont Rose
La passage de la rimaye est propre, le glacier est peu crevassé. 
Heureux d'être au sommet

On laisse les skis au col pour les derniers mètres jusqu'à la madone blanche plantée au sommet. Tony préfère nous attendre là, on s'encorde à 3 pour ce dernier passage mixte. 
La madone blanche posée sur le rocher sommital
  


Après avoir trainé une bonne heure au sommet nous sommes les derniers à partir. Longue descente de 1300m D- d'un trait. 
La première partie sur le glacier est pourrie, la neige a été soufflée puis a durcie et les jambes fatiguent vite à cette altitude. Le passage glacé sur l'épaule à 3800m est cette fois franchi à skis. On retrouve ensuite des pentes avec une bonne neige skiable.
Indo et François décident de faire une pose casse-croute. Avec Tony on choisit de rejoindre le refuge dans la foulée. Vers 14h on arrive au refuge où on a toute l'après-midi pour se prélasser au soleil sur la terrasse. 

Etude du parcours pour le lendemain
Jour 4 : Refuge Victor Emmanuel (2732m) - Col du Grand Paradis (3345m) - Col des Becchi (2990m) - Refuge Pontese (2200m) - (d+ : 903m ; d- : 1435m)

Cette 4e étape est une longue traversée plein Est avec 2 cols à passer. Départ comme chaque matin vers 7h. Le final du col du Grand Paradis demande une transition en crampons, on retrouve au sommet les 2 groupes qui font le même tour que nous depuis le départ. 2h pour arriver au col, petite collation.
col du Grand Paradis (3345m)

Belle descente en pente douce où il faut jouer avec les courbes de niveau pour ne pas pousser. On rechausse au pied du col des Becchi pour 400m D+ franchis entièrement à skis. On quitte le Val d'Aoste pour une courte incursion dans le Piémont.
Col de Becchi droit devant

Tony et François

Descente jusqu'au refuge sur une neige de printemps parfois lourde. Il y a quelques coulées sur les faces Sud, cette partie est parfois délicate en fin de saison mais c'est encore globalement bon aujourd'hui. On atteint le refuge Pontese (2200m) point bas du tour vers 14h.
Accueil chaleureux au refuge Pontese où on va prendre le temps de se restaurer et de gouter la bière locale.
bières locales

Tony à la fois au séchage et à la réhydratation

séchage du matériel

le soleil tape fort

terrasse du refuge Pontese
Le soleil disparait derrière la crête, on passe à l'intérieur s'installer dans le dortoir avant le repas. Pour ce dernier soir en refuge on s'offre une bouteille de vin rouge qui finira au fond des nos gosiers mais ne restera dans nos mémoires. 

Jour 5 : Refuge Pontese (2200m) - Col de Teleccio (3304m) - Lillaz (1617m) - (d+ : 1104m ; d- : 1687m)
Départ comme chaque matin vers 7h sous un ciel toujours aussi bleu et sans nuage. On remonte tranquillement jusqu'aux bergeries de Muanda di Teleccio. Un premier couloir raide exposé Nord que l'on attaque avec les couteaux. Plus on monte plus la pente se raidit. Pour les 3 groupes engagés la question se pose de passer en crampons ou pas. Les plus aguerris passent en ski, le groupe avec le guide passe en crampons dès le bas du couloir. Je progresse jusqu'à mi pente avec les skis puis lorsque les conversions deviennent plus délicates je passe en crampons sur une petite vire. La progression en crampons est finalement plus simple et plus rapide.
Vers 2800m la pente se radoucit et on passe au soleil. 2ème couloir orienté NE franchi en skis, on débouche au pied du glacier de Teleccio. 
Glacier du Teleccio

Tony et Ingo sont déjà au col. Contournement du glacier par l'ouest contrairement à ce qu'indique le topo. La barre rocheuse pour accéder au col est enneigée, je tente le passage en skis sous les encouragements de mes 3 compères déjà au col. J'avoue que les 3 dernières conversions dans la neige pourrie m'ont demandé une grosse concentration. Me voilà à 3300m en haut du dernier col de ce magnifique tour.
Séance photos avec les potes.

Début de la descente sur un glacier peu rassurant où on ne traine pas. Longue traversée au NO qui nous emmène sur une pente protégée avec 20cm de poudreuse, un régal. S'ensuit un enchainement de vallon plus ou pentu avec une neige globalement bonne. A mi parcours on retrouve le groupe de jeunes et sympathiques Suisses qui font une pause casse-croute, on se sera cotoyé pendant 5 jours. On continue on s'arrêtera plus loin. 

Le vallon de Valeille doit nous conduire jusqu'à Lillaz fin du parcours. Vers 1900m il faut rechercher les meilleurs passages pour avancer le plus loin possible à skis. On franchit un pont en bois et 200m plus loin il faut déchausser.

Pause casse-croute avant le portage final.
1h de marche avant de retrouver le goudron à Illaz. Le village est désert, il faut trouver une solution pour rejoindre le pick-up à 6km de là. En traversant le village on croise une personne qui nous indique qu'il y a une navette gratuite dans 20mn pour Valnontey. C'est pas beau ça. Le bus a un peu de retard ça va faire le bonheur de nos amis Suisses qui déboulent en courant dans la rue du village au moment où on charge nos affaires dans le bus.
On retrouve notre pick-up, on apprécie de remettre les pieds dans des chaussures légères. Ces 5 jours au Paradis finiront avec nos amis Suisses en terrasse à Cogne autour d'une bière bien méritée.

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