samedi 5 décembre 2009

L'Origole 2009


L'Origole s'est forgée une réputation de "tueuse" de finisher. Sur les 2 dernières années seulement 40% des partants sont allés au bout des 3 boucles. J'en ai fait l'amère expérience en 2007 et 2008, abandonnant à la fin de la 2ème boucle complétement vidé et sans aucune volonté de repartir sur l'ultime boucle.
Pourquoi une telle hécatombe pour cette course qui sur le papier ne ressemble pas à un monstre : 75km pour 1900m D+.
D'abord la période, le 1er week-end de Décembre la météo est généralement froide et humide et pour beaucoup c'est l'ultime course de la saison avec une préparation pas toujours idéale.
Ensuite elle se court la nuit sur 3 boucles différentes en autonomie, l'alimentation est donc un paramètre important à gérer.
Habituellement à minuit, le départ de l'édition 2009 est avancée au samedi à 22h. Autre changement la terrible boucle 2 sera faite dans l'autre sens. Pour le reste la formule gagnante mise en place par l'organisation est reconduite, départ et arrivée des boucles dans le gymnase au centre du Perray-en-Yvelines avec l'unique mais très fourni ravitaillement, l'accès aux sacs à chaque passage. Le superbe tracé quasiment tout en mono-trace et même parfois sans trace du tout à travers la forêt est balisé de mains de maître et ne laisse aucun doute sur les 75km. Le décor est planté, yapluka. Complice
boucle 1boucle 2boucle 3
A 19h je récupère Tony devant chez lui pour un court déplacement en voiture de 45mn jusqu'au Perray. Le temps est humide mais la température est clémente pour la saison. Mon seul et unique objectif est de terminer cette course qui s'est refusée à moi par 2 fois déjà. Tony lui, a bouclé l'an dernier et a donc moins la pression.
Installation dans les gradins du gymnase, il n'y a pas encore trop de monde et nous en profitons pour passer au contrôle du matériel.
Nous retrouvons tous les potes qui arrivent. Chacun reste prudent sur ses objectifs, la réputation de la course incite à la sagesse. Seul Bombyx affiche une décontraction étonnante, il faut dire qu'il a déjà 3/3 Origole et qu'il bouclera sa 4ème édition avec une facilité déconcertante (23ème au scratch). D'autre comme Ultrasteph sont dans la même situation que moi avec 2 échecs au compteur. Je suis content de voir revenir Ysolo mon futur équipier sur le Raid28 en Janvier prochain, et aussi runstéphane, surfboy, bikoon, lolo, zeb qui a droit à une conférence de presse, wouter le céleste inscrit sur la Barkley, cloclo, le bagnard venu donner un coup de main à l'organisation, etc ...
les UFOs se préparenttony et lolo ont déjà la frontale
zeb nous fais un karaokéah non, c'est La Presse qui interviewe les stars
 B1 : Boucle d'Orlande - 28,250 km - 660m D+
Avec Tony nous avons décidé de partir tranquille. Il ne faut pas laisser trop de jus sur cette boucle qui n'est que le hors d'oeuvre.
Le départ est donné comme d'habitude devant la mairie, les 300 coureurs du 75km et les 200 du 28km sont lachés à 22h. 2km dans les rues du Perray et nous partons à gauche dans la forêt. Le terrain est gras mais pratiquable. Nous sommes au milieu du peloton qui s'étire doucement. Pas de précipitation nous restons sagement en file indienne. Traversée des Etangs de Hollande (sur un pont je vous rassure) et nous voila partis pour une longue boucle en forêt. Km8 les 1ère réjouissances arrivent, une série de montées descentes sur des mono-traces étroites forment quelques ralentissements. Le terrain devient plus gras et glissant, les descentes plus techniques. Km15 nous rejoignons le bourg des Mesnuls en passant devant son beau chateau illuminé. Pour l'instant tout va bien nous déroulons tranquillement. Je bois régulièrement car il fait chaud et mange une demi barre de céréale par heure.
2ème série de montagnes russes toujours aussi glissantes. Nous nous retrouvons derrière un groupe de coureurs vraiment lents mais impossible de doubler facilement. Je patiente quelques minutes et à la première occasion je mets un petit coup d'accélérateur. Prudence d'accord mais là on se traine depuis un moment. Sur le coup je perds de vue Tony, il me rattrapera surement sur une partie plus roulante. Quelques bourbiers agrémentent le parcours, un imprudent mal chaussé y laisse une chaussure. La fin de la boucle est plus roulante et je remonte doucement. Tony ne m'a toujours pas rejoint ce n'est pas bon signe. Km25 nous revenons sur les étangs de Hollande et je me cale avec un coureur à mon rythme. Sortie de la forêt, longue traversée de champs face au vent et nous retrouvons Le Perray. Passage sous la N10 par un boyau étroit, quelques rues et c'est le retour au Gymnase. 3h45 pour cette boucle et 87ème, presque 30km au GPS, tous les voyants sont au vert.
Je récupère un verre de soupe pas trop chaude pour ne pas me déranger l'estomac et je file jusqu'à mon sac. J'ai décidé de changer de chaussettes à chaque boucle pour le confort des pieds. Je mange une banane, bois un demi-litre de coca. Je refais le plein de ma poche à eau avec mon mélange St Yorre/malto qui me convient toujours bien. 15mn que je suis rentré et Tony n'est toujours pas là. Je décide d'attendre encore 5mn avant de repartir. Le voilà enfin, il me dit d'y aller qu'il n'est pas au mieux. Je ne me fais pas prier car je me refroidis dans le gymnase. Pointage de sortie et je repars seul sur la 2ème boucle.

B2 : Boucle de l'Artoire - 24,250 km - 1050m D+
Cette boucle je la connais. Elle m'a "tué" déjà 2 fois mais cette année on nous la propose dans l'autre sens. Cela va me réussir car les grosses difficultés sont sur la 1ère partie et on peut dérouler sur le retour.
La différence de température en sortant du gymnase me transi de froid, je reviens illico dans le gymnase mettre ma veste que je quitterai après quelques minutes le temps de me réchauffer. Rapidement je rejoins un coureur avec qui je vais faire une bonne partie de la boucle. 4 km pour rejoindre Auffargis et attaquer le gros du morceau. Un enchainement interminable de montées descentes sur 10 km en remontant la Vallée de Chevreuse. On ne croise plus grand monde sur le parcours, je remonte de temps en temps quelques coureurs. J'essaie de garder un rythme régulier sans trop forcer dans les montées et en assurant dans les descentes. Certaines sont très chaudes sur ce terrain très glissant, je m'accroche aux branches mais je ne peux pas toujours éviter les gamelles. A travers les arbres j'aperçois les lumières de l'Abbaye des Vaux de Cernay transformée en luxueux hotel et qui indique que le retour n'est plus très loin. 1km plus loin traversée de la route pour passer sur l'autre rive de la vallée en entamer le retour. Le parcours devient moins cassant mais plus gras. Je vais passer 1h30 tout seul avant de reprendre un coureur. Le balisage est impeccable il n'y aucun problème pour suivre le parcours. Je retrouve le début de la boucle qui me ramène vers le gymnase. J'entre dans le gymnase après 8h20 de course, 73ème position pour 55km au GPS mais surtout un grand sourire car cette fois je continue.
Même scénario que précédemment, un verre de soupe et direction le sac sur les gradins maintenant clairsemés. Ultrasteph et Tony dorment sur un matelas de gymnastique ils ont tous les deux arrêtés dans la B2, Tony suite à une entorse. Je change les chaussettes, mange ma banane et boit mon 1/2 litre de coca. J'enfile directement ma vese avant la sortie.
ultrasteph et tony en plein effortje change les chaussettes avant la B3
B3 : Boucle du Coupe Gorge - 22,5 km - 270m D+
Il est 6h30 du matin le départ sur la B3 est un peu laborieux. Je suis seul et il me faut quelques minutes pour reprendre le rythme. Cette boucle est annoncée relativement plate mais très boueuse. On file d'abord plein sud sur 2km puis cap à l'Est, on enjambe à nouveau la N10 et c'est parti pour 20 bornes dans la forêt de Rambouillet. J'ai du mal à rester concentrer et je me traine un peu. D'ailleurs un puis deux coureurs me rattrapent et me doublent. Les traceurs se sont réglalés sur cette boucle, le parcours part dans tous les sens sans suivre aucune trace mais en s'assurant de n'éviter aucun bourbier. Je vais me prendre une bonne dizaine de gamelle en avant, en arrière, sur les cotés, la totale.
On contourne l'étang de Gruyer puis l'étang du Coupe-Gorge. Je ne sais pas d'où vient le nom mais j'entends les 1er coups de feu des chasseurs au loin. Mécontent Ne trainons pas dans le coin. Le jour se lève doucement et bizarrement les rubalises sont moins visibles. La partie fluorescente ne brille plus et la lumère du jour est encore faible. A un carrefour de chemin je m'arrête à la recherche de la balise suivante. Un groupe de 7 coureurs arrive, chouette je m'accroche au wagon, ce sera le bon. C'est quand même plus sympa et motivant d'avancer en groupe, ça permet de papoter et de ne pas voir la distance s'écouler. Après une grande boucle de 8km dans laquelle je mettrai le nez dans la boue plusieurs fois nous revenons vers l'étang du CoupeGorge. Ca commence à sentir l'écurie. Notre groupe s'est coupé en deux et avec l'ami Stéphane, novice sur la distance, nous nous accrochons à Yannick qui aura fait la locomotive sur toute la fin de la boucle, merci à lui.
On distingue les 1ère maisons à travers les arbres et à la sortie de la forêt on entend le souffle de la N10. Il faut longer la nationale sur quelques centaines de mètres dans un bourbier infame taillé par des engins de chantier. J'appelle Tony pour le prévenir qu'on arrive et qu'il prenne la photo finish. Quelques rues dans les lotissement encore endormis, la proximité de l'arrivée nous a fait retrouvé un rythme de gazelle Coquin enfin presque. Le gymnase est en vue, la banane sur le visage.
Notre groupe de 3 entre dans le gymnase après 12h07 de course en 66, 67 et 68èmeposition. J'ai enfin vaincu la discrète mais légendaire Origole qui espérons-le sera reconduite l'an prochain malgré les réticences de l'ONF. Eh oui, il parait qu'on dérange la faune alors que la chasse est ouverte à la même période, va comprendre. Triste
yannick notre locomotve à gauche, stéphane à droite et moi au centre à 200m de l'arrivée
Un grand merci à l'organisation, aux bénévoles et en particulier à Philgrizzly. Tout était impeccable avec un prix spécial pour la balisage. Longue vie à l'Origole.
Le site de la course
Les résultats complets 

dimanche 11 octobre 2009

Trail du Viaduc des Fauvettes 2009

2ème édition de ce sympathique trail confidentiel qui a la particularité d'être composé d'une boucle de 10km à parcourir 5 fois. Le tracé de la boucle est agréable et équilibré alternant  relances, chemins et passages techniques en forêt.

dimanche 26 juillet 2009

Off Corse 2009

Mon idée première est de monter sur le GR20 depuis mon lieu de vacances et d'enchaîner les 3 ou 4 dernières étapes du GR20 sur une journée en solo.
2 problèmes logistiques se posent: le rapatriement depuis Conca (fin du GR20) et la dépose la veille au départ avec nuit au gîte de Catastajo (accessible en voiture) pour ne pas transporter le couchage sur le parcours.

Après 2 journées de repérage je décide finalement de faire un gros aller-retour plus compatible avec les vacances familiales. Ce sera donc une montée au GR20 par le "mare a mare centre" depuis Catastajo puis plein Sud jusqu'au refuge d'Usciolu (départ étape 13) puis le Monte Incudine (2134m, plus haut sommet du Sud de la Corse) et retour par le même parcours. Je ne pousse pas jusqu'au refuge d'Asinau pour éviter la descente et la remontée sans grand intérêt dans le pierrier.
Le Topo-guide donne un temps de parcours aller de 11h30 pour un randonneur faisant l'intégrale du GR20 en 15 jours. En rando-course en autonomie complète mon sac pèse 6kg dont 3L de boisson. Je compte en principe une progression 2 fois plus rapide qu'un randonneur donc 11h pour l'aller-retour.

gîte de Catastajo

le soleil se lève sur la côte orientale
Le GR20 et ses sentiers adjacents ont la réputation d'être très caillouteux et technique sur les crêtes, de plus il demande une attention permanente sur le balisage pour ne pas s'égarer. Pour donner une idée, en juin Kilian Jornet a pulvérisé le record du GR20 en 33h à la moyenne vertigineuse de 5,75 km/h. J'espère voir des traces de ses semelles qu'il a du laisser dans les virages lors de son exploit. 
En juillet il fait chaud, je programme un réveil à 4h pour profiter de la "fraîcheur" matinal. Petit-dej copieux, 30mn de voiture pour atteindre le gîte de Catastajo encore endormi et je démarre à 5h15 à la frontale le sentier du "mare a mare centre". 30mn plus tard je peux éteindre la frontale et continuer ma progression vers Bocca di Bianca.
Il y a 2 itinéraires pour rejoindre le GR20 par le "mare a mare" depuis Catastajo, le principal (balisage orange) jusqu'à Bocca di Laparo à mi-chemin de l'étape 12 (Prati-Usciolu) et la variante (balisage jaune) qui monte par Bocca di Bianca un peu plus direct pour rejoindre le refuge d'Usciolu mais moins fréquenté et moins bien balisé. Je connais les 2 parcours et après réflexion je monterai par Bianca, le début du sentier est moins raide il permet un départ plus cool.

au bas du pierrier sous Bocca di Bianca

Bocca di Bianca et la suite de la montée
La première partie de la montée est assez évidente sur le sentier qui monte dans la forêt en suivant le vallon. On prend ensuite de l'altitude en montant en lacets sur le flanc droit. La balisage devient aléatoire, quelques cairns permettent de garder le cap. Le parcours avance plein Sud vers le fond du vallon en montant régulièrement. Chaque fois que je suis venu ici j'ai eu droit à une séance de jardinage à la sortie de la forêt avant d'attaquer le pierrier sous le col. Ca ne loupe pas je progresse au pif pour trouver le bas du pierrier où l'altitude a fait disparaître la forêt. J'atteins Bocca di Bianca en 1h30. Le paysage est grandiose, j'aperçois déjà le Monte Incudine au loin et tout le parcours qui suit la crête et traverse le grand plateau du Coscione haut lieu du ski de fond Corse.

depuis Bocca di Bianca, Incudine au fond à gauche, le grand plateau du Coscione au centre
La montée se poursuit vers l'Ouest dans un paysage parsemé de gros rochers blancs et d'hêtres nains caractéristiques de la végétation Corse à cette altitude. 35mn de montée pour atteindre le GR20 à Teghia di a Bridincula puis c'est la plongée sur le refuge d'Usciolu qui l'on aperçoit 100mD- plus bas. J'arrive au refuge en 2h15, il est 7h30 du matin la plupart des randonneurs sont encore là, seuls les plus prévoyants sont déjà partis avec la fraîcheur sur cette longue étape 13 du GR20.
refuge d'Usciolu
Bref arrêt au refuge, je mange une barre et je bois 2 gorgées au robinet de la source. Je suis équipé en autonomie complète : la poche à eau de 2,5L (St Yorre+malto) et un bidon de Coca à la bretelle, des barres de céréales, 2 compotes, un petit sandwich jambon et 2 gels au cas où. Le refuge à l'aller comme au retour ne sera sollicité qu'en cas de besoin, de plus il y a 2 sources d'eau potable sur la suite parcours. Coté équipement une polaire, une veste de pluie et une couverture de survie dans le sac, de quoi me faire un strap et une mini trousse de secours. Sifflet, boussole, frontale et 2 ou 3 autres bricoles pour un total de 6kg au départ. Ca me donne en général une bonne dizaine d'heures d'autonomie.
Une courte montée (50mD+) permet d'atteindre l'arête faîtière à Bocca di Suragheddu (1805m). De ce point on peut redescendre par le tracé jaune du "mare a mare" pour rejoindre le magnifique village de Cozzano. Je vous conseille d'aller boire un coup au gîte d'étape tenu par le frère du gardien du refuge d'Usciolu, grand connaisseur des sentiers et du GR20. Vous croiserez aussi sûrement le père qui élève les cochons que vous trouverez en liberté sur le parcours. Pour ma part aujourd'hui je reste sur le GR20 et je suis la crête au Sud. Cette partie est très technique. Il faut fréquemment utiliser les mains pour escalader, on bascule plusieurs fois d'un coté et de l'autre de la crête avec quelques passages "gazeux". Heureusement il fait beau mais par mauvais temps ce passage est délicat. La brêche Petra di Leva (1828m) marque la fin de la partie technique. Il m'a fallu 1h pour faire les 3,5km depuis le refuge. J'ai dépassé quelques randonneurs qui ont un regard interrogatif à mon passage, un petit bonjour et je continue.

Brêche Petra di Leva

ruisseau et pozzine - plateau du Coscione
Le parcours descend vers une dépression boisée jusqu'à Bocca di l'Agone (1570m). Une source d'eau potable sur la droite est indiquée, j'y ferai un arrêt au retour. Le sentier descend régulièrement à travers les hêtres pour atteindre le plateau du Coscione (1380m). 7000 hectares de clairières, de bosquets parcourus par de nombreux ruisseaux bordés de pozzines ces pelouses tourbières d'un vert éclatant. Quelques chevaux en liberté se baladent. Je rattrape un groupe d'une dizaine de randonneurs très amusés de me voir arrivé en trottinant.
Le GR20 rejoint une piste, le plateau est accessible en 4x4. le parcours repart au Sud-Est et descendjusqu'au ruisseau du Furcinchesu que l'on traverse sur une passerelle suspendue. 2h depuis le refuge, 4h15 depuis le départ je suis dans les temps estimés. 2 randonneurs d'une vingtaine d'années traversent devant moi, ils avancent d'un bon pas malgré le poids de leur sac. Je reste un moment derrière eux, c'est le début de la montée (700mD+) au Monte Incudine.
L'itinéraire s'élève en lacets dans la forêt pour déboucher sur une clairière. Sur la gauche une source d'eau potable à proximité des vestiges d'un ancien refuge. On quitte la forêt direction Est pour rejoindre la crête au col de Luana (1805m). On retrouve la végétation basse et les rochers. Je continue plein Sud en grimpant sur la crête. Un petit replat et c'est la dernière montée au sommet de l'Alcudina (2134m) autre nom du Monte Incudine. 5h28 pour la partie aller il ne faudra pas mollir pour le retour pour les 11h.

La croix en béton scellée au sommet est couchée sur le coté. Le panorama à 360° offre une vue de tout de le Sud de la Corse. Les aiguilles de Bavella sont à porter de mains. Au loin du coté de Sartène la forêt brule encore et j'entends le vrombissement des Canadairs qui tournent. Heureusement le vent est tombé depuis 24h et les feux seront bientôt maitrisés.
Je prends 10mn de repos, je mange mon sandwich, une compote. Il est 11h du matin et la chaleur commence à se faire sentir. Sur les crêtes il y a un peu de vent mais dès qu'on redescend il fait vite chaud. C'est reparti en sens inverse. Le descente jusqu'au plateau est effectuée en 50mn. Au retour dans la forêt je n'oublie pas de m'arrêter à la source pour raffraichir la tête et boire quelques gorgées. Je croise les randonneurs que j'ai dépassé à l'aller et parfois la conversation s'engage. Je rencontre un couple dont le mari a déjà fait l'UTMB, ils sont partis de Calenzana (départ Nord du GR20) depuis 13 jours et ils devraient arrivée à Conca dans 2 jours. Ils sont en forme et visiblement content de leur périple.
Je retraverse le plateau puis attaque le montée vers l'arête qui mène au refuge d'USciolu. Nouvelle pose à la source puis passage de la brêche Petra di Leva pour la partie technique rocheuse avec un pue d'escalade. A la Punta d'USciolu (181m) j'aperçois le refuge et la montée qui suit.

le refuge d'Usciolu au centre et la belle montée à enchaîner ensuite
8h50 depuis le départ j'ai gardé le rythme. Je fais le plein de mon bidon avec de l'eau au refuge, j'ajoute 500ml d'eau dans la poche pour ne pas être à sec avant l'arrivée. Il fait maintenant chaud et je dois m'hydrater correctement. Le refuge est désert seul les gardiens sont là. Les partants sont loins et les arrivants pas encore là. 5mn d'arrêt et je repars pour la dernière partie. Après la raide montée au-dessus du refuge il n'y a plus que de la descente. Je ne m'emballe pas le sentier est très rocailleux et avec la fatigue la vigilance baisse. L'an dernier j'ai chuté 2 fois en descente sur les rochers me faisant une belle frayeur. Je ne suis plus sur le GR20 et les randonneurs sont rares sur cette partie, le GSM ne passe pas dans le vallon donc prudence.
Le pierrier de Bianca est plus facile à la descente, je jardine à nouveau au même endroit qu'à la montée puis je rejoins le sentier final. Je retrouve la voiture après 11h05 de rando et seulement 45km mais 3280m de D+.
Belle balade dans un paysage magnifique avec une météo idéale pour un mois de Juillet. Mon temps valide la faisabilité d'enchaîner les étapes 13,14 et 15 du GR20 en une dizaine d'heures. Ce sera pour l'an prochain, j'espère.

dimanche 14 juin 2009

Trail des Lavoirs 2009

Le 24h de trail annulé, la première édition du Trail des Lavoirs à Chevreuse s’impose de lui même. D’abord parce que le Vallée de Chevreuse est le terrain de jeu idéal pour le trail en Ile-de-France et qu’ensuite le départ est à moins d’une heure de la maison.

Dimanche 14 juin à 5h30 j’arrive sur le parking du parc des sports de Chevreuse. Les organisateurs s’activent aux derniers préparatifs, les premiers coureurs arrivent, nous récupérons nos dossards. Environ 200 inscrits en solo mais aussi des duos et des trios pour un total d’environ 400 coureurs, belle réussite pour une première.

L’ambiance est sympathique, on retrouve les habitués locaux. La journée s’annonce chaude, le parcours devrait nous garder à l’abri du soleil sur la première partie mais nous réserve quelques passages plein soleil à travers champs sur le final.

7h00 pétantes le départ est donné au bord de l’Yvette, bien connue de tous les Raid28ards. Les solos et les relais partent en même temps il ne faut pas se laisser embarquer. La première côte est là dès le premier kilomètre je lève un peu le pied. Le début du parcours est plaisant en forêt avec un bonne partie du dénivelé.
Km11 nous sommes aux cascades des Vaux de Cernay et sa célèbre côte que les participants au Trail de la Vallée de Chevreuse connaissent surtout les années pluvieuses. Rémy Mercier, l'organisateur du TVC présent sur la course, nous promet une édition 2010. Chouette.
Je suis parti sur un bon rythme un peu plus de 10km/h je profite de la relative fraîcheur matinale. Le premier ravitaillement arrive assez vite (km13), l’arrêt est bref, un verre de coca et un bout de banane, ça repart.
Direction Clairefontaine-en-Yvelines à travers le Parc Régional de la Haute Vallée de Chevreuse. Le deuxième relais des trios attend ce qui créé une animation sympathique au ravito. La chaleur commence à se faire sentir, les lavoirs sont les bienvenus pour tremper la casquette et se rafraîchir. Je passe le km25 en 2h30 la moyenne est toujours de 10 km/h mais je sais que ça va baisser. Nous contournons le complexe de la Fédération Française de Football entre 2 clôtures espacées de 2m, impossible de s’échapper. Les lions doivent avoir la même impression avant d’entrer dans la cage.
Un petit km de route et retour en forêt. Nous enchaînons de longues lignes droites sur les chemins forestiers entrecoupées de quelques côtes que j’apprécie beaucoup plus que ces chemins roulants. Km37 nouveau ravito et relais pour les duos. Il fait maintenant chaud et le salé s’impose.
L’approche de la 4ème heure annonce souvent mon coup de mou et cela se vérifie encore une fois. Est-ce dans la tête ? Le chrono donne le verdict : 3h55 au km37 la moyenne a bien baissée. J’ai même effleurée l’idée d’arrêter mais je l’ai bien vite oubliée. L’Origole restera à ce jour la seule épreuve où j’ai abandonné (2 fois) mais je l’aurai un jour, je l’aurai.
Baignade interdite dans les lavoirs, dommage
C’est donc reparti plein Nord. D’abord en forêt puis sur un chemin en bordure de champ où l’herbe est haute et les appuis fuyants, portion laborieuse. Retour en forêt et plein sud pour rejoindre le lavoir de Bullion, une carrière sableuse à grimper agrémente le parcours. Le ravito du km42 est le dernier relais des trios. Ces relais ont mis de l’animation sur toute la course malgré leur différence de rythme.

L’organisation, bien rodée, à placer des ravitos rapprochés sur cette partie où la chaleur est conséquente et les organismes déjà éprouvés, belle initiative.
J’avais repéré sur la carte du parcours cette longue portion à découvert à travers champ à partir du km46. 8km sur les longs chemins agricoles où je baisse la tête en attendant que les km défilent. Tout le monde est à la même enseigne, le ravito permet une pause bienvenue. Rémy Mercier et Robert Charvin (castor senoir) m’ont rejoint. On discute un peu, les km passent mieux.

Robert est devant moi dans la descente sur Chevreuse, le chateau de la Madelaine en haut de la colline est l'arrivée.
Le final est beaucoup plus sympa. Nous retrouvons la forêt au km55 et 2 belles côtes pour passer les 1000mD+. Le moral revient et nous déroulons tranquillement ces derniers km. Nous retrouvons le début du parcours en sens inverse et la descente sur Chevreuse pour retrouver le parc des sports. Mais l’arrivée n’est pas encore là. Il faut traverser le bourg puis emprunter la sèche montée qui mène au château de la Madelaine. Une petite rue en pente puis des escaliers et un chemin pavé nous montent devant l’entrée du château. L’arrivée est enfin là. 63km au GPS, 1200m D+ en 7h26, 49ème sur 151 classés, je suis satisfait de ma course. Rémy et Robert ne sont pas loin et certains relais ne sont pas encore arrivés, preuve que nous avons tenu un rythme correct.

L'entrée du chateau et l'arrivée dans la cour
Mais l’épreuve n’est pas vraiment fini, il faut maintenant redescendre au parc des sports et même s’il n’y a plus de chrono les quadris souffrent dans les escaliers. Heureusement l’organisation offre la bière pression et fraîche brassée par un artisan local.

La première édition du Trail des Lavoirs est une réussite. L'organisation bien rodée par d'autres courses est au point. Le balisage est impeccable, les ravitos suffisants et placés intelligement. Les nombreux bénévoles toujours accueillants. Le parcours, un peu trop roulant à mon gout, permet un accès facile à l'ultra dans une vallée magnifique.
La Vallée de Chevreuse devrait nous proposer trois épreuves variées d'ultra en 2010. Le très costaud Trail de la Vallée de Chevreuse début Avril, le Trail des Lavoirs en Juin et la nocturne Origole en décembre que j'aurai un jour.

samedi 9 mai 2009

Challenge HERO 2009

Jack Peyrard et son organisation proposent pour ce long week-end du 8 mai pas moins de 4 courses natures. Un 12km, un semi et surtout le samedi un Ultra-trail de 100km baptiséLes Aventuriers du Bout de Drôme et annoncé à plus de 5000mD+ suivi d' un marathon (1000mD+) le dimanche.

Mon premier choix s'est porté sur le 100km mais une discussion sur le forum évoque un enchaînement 100+marathon jamais réalisé. Ce challenge me plait bien et je me prends au jeu Je m’inscris sur les 2 courses d’autant que Jack26 l’organisateur met en jeu une caisse de Clairette pour ce petit défi. UltraSteph (Stéphane Couleaud) un pote UFO fait de même, nous serons 2 UFO sur ce petit challenge.

Avec Stéphane au départ du 100km

à l'arrivée du marathon aprés 142km

profil du 100km (cliquez sur l'image)

profil du 42km (cliquez sur l'image)
Le 100km part le samedi à 4h30 avec un temps maxi de 24h et le départ du marathon est donné à 8h le dimanche. Au niveau timing c’est donc jouable sans problème avec quelques heures de repos entre les 2.
L’édition précédente s’est gagné en un peu plus de 12h. Sur ce type d’ultra trail je sais que je me situe entre 1,3 à 1,5 fois le temps du vainqueur. Je table donc sur 18h de course. Ce qui me donne une heure d’arrivée vers 22h et donc au moins 6h de sommeil avant le marathon. 6h pour faire le marathon qui à quand même 1000mD+ me ferait boucler l’enchaînement en 24h. Voilà un compte rond qui me plait bien.

pasta du vendredi soir

petit dej avant le départ du 100km
Coté logistique les choses sont bien faites. Crest est à 3h de Paris en train je ferai l’aller le vendredi et le retour avec le dernier train qui part de Crest le dimanche à 18h30. L’organisation a réquisitionné l’internat du lycée qui se trouve à 300m du départ des courses. Il était important de dormir dans un vrai lit surtout pendant la nuit intermédiaire. Je partage la chambre avec douche avec mon pote Gorkys (tony Gout) qui sera mon compagnon de route sur le 100km mais qui ne tentera pas l’enchaînement.
Ma motivation première reste le 100km que je ne ferai pas « en dedans » et je ne partirai sur le marathon que si tout se passe normalement et sans prendre de risque. Les discussions du vendredi soir laisse entendre que nous serons 7 à tenter l’enchaînement.
Nuit courte, réveil à 3h, petit dej dans le gymnase. La météo est annoncée belle, la température de départ permet un départ en T-shirt UFO (évidemment). Nous ne sommes plus que 4 ce matin à envisager les 2 courses mais nous ne connaissons pas les autres. Le départ des 120 coureurs est neutralisé sur les 2 premiers km pour traverser le village et Jack nous lâche derrière le donjon. Nous sommes tout de suite dans le vif du sujet sur un sentier escarpé qui suit la crête. 5km et on rejoint une piste roulante qui étale le peloton. Le jour se lève on peut ranger les frontales.
Les 40 premiers km sont magnifiques, les monotraces sont nombreuses. La première grosse montée (700mD+) nous emmène sur un crête avec une vue à droite sur la vallée du Rhône et à gauche sur le Vercors encore enneigé. Nous restons plusieurs km sur cette crête puis redescendons sur le magnifique village de Cobonne.

la crête avec son pylone posé sur le sommet

traversée du village de Cobonne

sur la crête aprés le pylone avec vue sur les 3 Becs au fond où nous serons dans l'après-midi
(photo: Xavier Despringre)
Suivent 25km à grimper et à descendre des collines boisées mais moins abritées. Le soleil commencent à taper et je dois baisser le rythme à 2 reprises pour éviter le coup de chaleur. Avec Tony nous avons fait le choix de partir ensemble et d’essayer de le rester mais sur ce type de course il n’est pas toujours évident de garder un rythme similaire jusqu’au bout.

colline à grimper droit devant

les vignes qui donnent la Clairette

Pour l’instant nous arrivons ensemble à Saillans en 9h30, km65 et déjà 2900mD+. C’est le ravitaillement principal avec contrôle médical rapide. Nous avons pu laissé un sac de change que l’organisation à transporter. Tout les voyants sont au vert. Je change maillot, chaussures et chaussettes. Même si cela n’est pas nécessaire c’est toujours mieux de repartir avec une paire de chaussure « reposées ». Le podologue n’a personne sur sa table j’en profite pour lui demander un petit massage des pieds avec épaisse couche de NOK.
Tous ceux qui connaissent le parcours disent que la course commence à Saillans. Nous voila donc au 2ème départ. Une longue montée (1100mD+) jusqu’au 3 Becs suivi d’une descente dans une zone protégée mettent le ravitaillement suivant à environ 4h. Le début de la montée se fait sur la route goudronnée en pleine chaleur puis on attaque sur le GR9 jusqu’au Pas de la Motte.

début de la montée sur le GR9

dans la forêt sous le Pas de la Motte
Une crête sur des dalles peu roulantes nous monte enfin au sommet en peu plus 1h30 nous sommes satisfaits de notre rythme. La descente débute sur des routes forestières puis nous plongeons dans une longue combe très caillouteuse où nous avons l’impression de ne pas avancer. Sur cette portion il y a très peu de balisage, le doute s’installe parfois mais nous ne faisons pas d’erreur. C’est toujours mieux d’être à deux dans ces cas là. Enfin le ravitaillement du km80 nous savons maintenant que nous irons au bout.

arrivée sur les 3 Becs

Saillans vu du Trou de la Laveuse
Une dernière montée sèche (350mD+) nous permet de rebasculer sur la vallée de la Drôme. Le final passe encore 2 collines, nous sommes toujours ensemble avec Tony. Ca aura grandement contribuer à notre réussite car nous n’avons pas vu beaucoup de monde depuis plusieurs heures. Quand un de nous a un coup de mou c’est l’autre qui tire et vice versa. Le tombée de la nuit nous oblige à ressortir les frontales pour le dernière heure. Les 10 derniers km sont un peu plus roulants ce qui nous permet de dérouler tranquillement. Le donjon illuminé de Crest est en vue. Nous passons l’arrivée main dans la main en 17h26 (17h11 temps officiels) en montant sur le podium du gymnase où la pasta du marathon bat son plein. 1ère partie du contrat remplie.
Pas de blessure, les pieds sont nickels, les jambes et la tête sont prêtes à repartir pour le marathon le lendemain. Repas d’après course dans le gymnase, douche et dodo vers minuit.
Dimanche : Marathon (1000mD+)

Réveil 6h, j’ai bien dormi, les jambes sont un peu dures mais tout semble répondre. Petit dej au gymnase et préparation pour la course. Je retrouve Ultrasteph qui boite un peu de la jambe gauche. Sa malléole a souffert. Nous serons finalement les 2 seuls à faire l’enchaînement. Le départ est donné du pont sur la Drôme et surprise il y a moins de monde sur le marathon que sur le 100km. Le gros de la troupe est inscrit sur le semi. Nous restons sagement en arrière du peloton, Stéphane pense que nous mettrons 6h, ça tombe bien moi aussi et d’ailleurs notre temps officiel sera : 6:00:42. C’est pas de la prévision ça, Madame Soleil.
Le marathon en lui même n’a pas été une partie de plaisir. La première heure sur le plat à 10km/h nous laisse croire à un temps légèrement meilleur mais dès que le parcours se met à monter on se traîne et en descente pas mieux. Nous sommes donc laborieux et rapidement seuls à l’arrière. De mon coté ça ne me gêne pas trop mais Steph n’est pas habitué à ces positions lui qui a fini 7e sur le 100km. Au km18 la horde du semi nous double. Les premiers passent comme des avions, les paquets suivants nous bousculent. Le parcours sur des chemins n’est pas terrible et nous n’avons visiblement pas la motivation d’hier. Nous quittons pour quelques km supplémentaires le parcours du semi, nous sommes à nouveau seuls au monde, les bénévoles nous demande s’il reste encore du monde derrière, ça motive.

marathon

marathon
Le final est un peu plus sympa sur une monotrace qui suit la crête. A 10km de l’arrivée nous récupérons une coureuse en perdition qui finira avec nous. Le donjon est enfin en vue, le parcours fait des tourniquets sur les marches. Nous repassons enfin le pont, remontons vers l’arrivée et débarquons dans le gymnase pendant la remise des prix, Jack nous fait monter sur le podium, tout le monde est debout pour nous féliciter. Cet accueil fait chaud au cœur, tous les amis nous prennent en photo. Je suis un peu déboussolé par cette effervescence subite après 6h de course. Nous méritons notre caisse de Clairette, hein Jack. Dans un premier temps nous n’aurons qu’une seule bouteille que nous partageons avec tous les amis UFO, Kikourous et autres qui sont là.

arrivée sur le podium

arrosage à la clairette
Le contrat est rempli : 100+42km (5872mD+ à l’alti) en 23h26, 45ème sur le 100km et 88ème sur le marathon. Aucune blessure, pas même une ampoule.

Une belle expérience qui me permet de caler mes prévisions pour le 24h Trail prévu en Juin.
Un 100km incontournable dans une région magnifique organisé de main de maître que tout ultra-trailer se doit de connaitre. Et pour vous faire envie une compilation de photos prises par les coureurs sur le 100km : Photos
Merci à tous les photographes (Xavhië, Mustang, Ultrasteph, Sanggi, Monsterturck, ...)
Articles de presse : Le CrestoisUltrafondus Magazine