vendredi 25 août 2006

UTMB 2006


Cela fait 10 mois que j’ai validé mon inscription à cette course. Ma préparation est donc axée sur cette échéance. Je privilégie les courses longues distances et essentiellement les trails. Mais j’habite en Ile-de-France, région assez plate, et malgré les sorties en côte et les trails du challenge le dénivelé total restera faible. Je m’en rendrais vite compte pendant la course.

Paris-Mantes (54km) sur route de nuit en janvier puis à partir d’Avril les 4 premiers trails du challenge Xtremtrail d'Ile de France voila le programme des courses de préparation. Je me suis tracé un parcours d’entrainement de 22km à partir de la maison composé de 8 km de plat suivi de 3 côtes assez raides puis retour. En juillet je suis en vacances avec la famille en Corse et j’en profite pour faire 3 longues sorties entre 6 et 8h avec un bon dénivelé. Je pense être prêt et le moral est bon.



Le week-end précédant la course je souffre d’un léger mal de cou type torticolis qui ne m’inquiète pas trop, ça passera.
Jeudi je prends le train en fin d’après-midi direction St Gervais où mon père m’attend. Mes parents sont venus en camping à Chamonix pour me suivre et me faire l’assistance pendant la course. Je passe une bonne nuit de sommeil mais je me réveille un peu coincé au niveau du cou.

Le vendredi matin est consacré à la prise du dossard et au contrôle du sac par l’organisation. Je retrouve aussi tous mes copains UFO qui sont sur la course et notamment Etienne avec qui j’ai couru les trails du printemps. Retour au camping pour préparer mes sacs intermédiaires, faire une petite sieste de 1h30 puis retour à Cham en attendant le départ. Les 2500 coureurs se regroupent sur la place derrière l’arche de départ et après les recommandations d’usage des organisateurs nous sommes lâchés à 19h02.

pasta party d'avant course
(photo : lepoint.fr)


le parcours (cliquez sur l'image pour agrandir)



Chamonix, vendredi 25 Aout 19h02.
Le départ est donné et il faut 200 à 300m avant de pourvoir courir. Je pars en compagnie d’Etienne espérant rester ensemble aussi longtemps que possible. J’avais décidé de partir sur des bases de 36h (un optimiste je l'avoue) avec un coefficient de ralentissement de 0,6 en utilisant le fameux tableau de Rémi Poisvert. Les temps de passage sont surtout notés pour me donner une base à suivre au départ car vu la longueur de la course beaucoup de paramètres entrent en jeu.
Chamonix-Les Houches :
8 km relativement plats sur la rive droite de l’Arve sur un chemin assez large sont effectués en 55mn environ. Nous sommes sur nos bases. Le temps est beau et frais, il fait encore jour et nous arrivons au premier ravitaillement devant l’église des Houches après une montée par la route.

Les Houches-Col de Voza :
Un petit km sur la route puis les choses sérieuses commencent,l'electron me passe un coup de fil pour savoir si on est bien parti, pour le moment tout va bien. On bifurque à gauche au niveau du téléphérique et on attaque les 650m de dénivelé qui montent vers le col. J’ai sorti les bâtons et nous montons en marchant sur un rythme soutenu. Le spectacle est magnifique. Nous sommes au pied du Mont-Blanc avec une vue sur la voie normale qui passe par le Gouter. Le soleil se couche sur tout le massif sans aucun nuage. Nous mettons 1h pour atteindre le col et son ravitaillement. 5mn d’arrêt nous sortons les frontales car la nuit tombe et nous attaquons la descente en forêt. Nous sommes toujours sur les temps prévus. RAS.

montée sur Voza
Col de Voza-Les Contamines :
Cette portion est assez facile. Elle est d’abord composée d’une longue descente puis on chemine ensuite à flanc de montagne en alternant des courtes montées et descentes. Le chemin est parfois étroit et il génère des petits bouchons qui ne sont pas trop pénalisants. L’arrivée aux Contamines est grandiose. Une haie de spectateurs très rapprochés nous encourage. On se croirait au sommet de l’Alpe d’Huez pendant le Tour de France. Nous sommes obligés de passer en file indienne mais quel plaisir de voir cet enthousiasme. Les temps sont toujours bons, 3h45 de course. A la sortie du ravitaillement très copieux nous commençons à sentir un peu le froid et j’informe Etienne que mes douleurs de dos se réveillent un peu mais rien de grave. Nous repartons.

Les Contamines-Col et Croix du Bonhomme :
C’est le plus important dénivelé (1400m D+) du parcours. On commence par quelques km sur un large chemin qui monte progressivement. La pente augmente et nous apercevons au dessus les lumières du chalet de la Balme où un ravitaillement nous attend. La distance est trompeuse dans la nuit et il nous faut de longues minutes pour atteindre le chalet. Courte pause au ravito j’en profite pour me couvrir car l’altitude à fait baisser la température, nous trouvons Ufoot qui part devant nous à la sortie du ravito. La deuxième partie de la montée est raide. Il faut que je me bouscule un peu pour garder le rythme derrière Etienne. Je monte cependant sans trop de problème mais ce gros dénivelé me surprend un peu. A quelques dizaines de mètres du col, Etienne ralentit brusquement et s’arrête même un instant. Je finis l’ascension et je l’attends au col. Ce sont les gendarmes de montagne qui nous accueillent au col. Etienne arrive 5 mn après moi. Son estomac lui joue à nouveau des tours et il n’est pas au mieux. Curieusement il fait bon au sommet du col il n’y a pas de vent et la température bien que fraiche et supportable. L’arrivée au col n’est pas la fin de la montée, nous continuons vers la Croix du Bonhomme pour encore 100m d’ascension avant d’entamer la descente vers Les Chapieux. Je perds Etienne dans cette dernière ascension en espérant le retrouver aux Chapieux où nous avons prévu de nous arrêter pour manger. Hélas mon compagnon devra s’arrêter à cette base suite à ses problèmes gastriques.

Croix du Bonhomme- Les Chapieux :
Première grosse descente (900mD-). La terrain est très humide et il faut rester vigilant pour ne pas tomber. Le passage des 1000 coureurs qui sont devant moi rend le parcours glissant. Il y a de grosses ornières et la pente est assez forte par endroit. J'entame la descente prudemment. La fin de la descente sur un large chemin permet de courir sur un bon rythme et d’apercevoir le village et son ravito. J’arrive aux Chapieux à 3h15 du matin après 8h15 de course à peu prés dans les temps prévus. Il y a beaucoup de monde au ravito mais je trouve une place pour m’asseoir et manger. Je retrouve Ufoot alias Christian Mauduit qui a terminé il y a tout juste 10 jours l'EmbrunMan en compagnie de son père. Nous redémarrons ensemble sur le Walk on The Wild Side de Lou Reed interprété par l’orchestre qui a joué toute la nuit pour les coureurs, chapeau les gars.

Les Chapieux-Col de la Seigne :
2e grosse montée du programme. On commence par 5 km de route qui monte jusqu’à la Ville des Glaciers qui est en fait un hameau inhabité. Je m’étais demandé en lisant le road book si on pouvait courir sur cette portion. Eh bien ce sera en marchant. C’est bien une route goudronnée mais elle grimpe suffisamment pour ne pas courir. Ufoot me confirme qu’il vaut mieux s’économiser pour la suite. Nous montons cependant à bonne allure. Après un court replat la montée au col de la Seigne commence. Rapidement ufoot me lâche et j’ai du mal à garder le rythme. Je m’aperçois à ce moment que le manque de dénivelé à l’entrainement se fait sentir et pourtant ce n’est que le début. Je ferais 2 ou 3 pauses de 5 mn au cours de la montée que j’effectue en 2h35, c’est un peu plus long que prévu mais rien de dramatique. Par contre mon dos et mon cou sont de plus en plus douloureux et je commence à être gêné pour utiliser mes bâtons. Les pauses de la montée m’ont permis d’admirer la magnifique guirlande de frontales que l’on aperçoit en se retournant sur plusieurs km, très impressionnant. Jusqu’à présent nous étions relativement à l’abri, le passage du col va changer la donne. Un vent froid souffle sur le coté italien et je sens mon dos se raidir brusquement.

traversée de Dolonne (Italie)
Col de la Seigne – refuge Elisabetta – lac Combal
La descente sur Elisabetta sera ma partie la plus dure. J’ai beaucoup de mal à m’appuyer sur les bâtons et je descends lentement. L’arrivée au ravito n’est pas mieux le vent est toujours glacial et je suis rapidement frigorifié. Le jour s’est levé et je ne traine pas trop pour repartir sur le long plat du lac Combal. Cette partie très plate devrait permettre de courir mais je n’y arrive pas. Heureusement que le décor est magnifique ça redonne un peu le moral.

Lac Combal – Arête Mont Favre
Après le long chemin plat on tourne à droite pour attaquer la montée à l’arête Mont Favre. Il faut pratiquement remonter à l’altitude du col de la Seigne et ça grimpe dur. Le soleil commence à faire son apparition et me réchauffe un peu mais mon dos ne veut plus rien savoir. Je me traine péniblement au sommet. J’ai mis 2h20 depuis le col de la Seigne j’en avais prévu 2. Ce n’est pas finalement pas si mal car j’ai encore 3h de la marge sur la barrière horaire mais c’est mon dos qui m’inquiète sérieusement. De toute façon j’irai jusqu’à Courmayeur.
Arête mont Favre – Courmayeur
Toute la descente se fait au soleil sous un ciel magnifique avec une superbe vue sur la suite du parcours et notamment la montée sur Bertone. Pour l’instant ce qui m’importe est d’assurer la descente. La première partie est assez technique et je la fait en marchant en discutant avec 2 ou 3 coureurs qui ne sont pas au mieux non plus. De nombreux coureurs me doublent dans cette partie. 1h pour atteindre le ravito du col Chécrouit où il y a un fromage succulent. La fin de la descente se fait sur un large chemin puis sur un sentier pentu qui comporte des marches avant d’atteindre une petite route qui entre dans Dolonne. Cette dernière partie s’est légèrement mieux passée car je n’ai pas eu besoin de pousser sur les bâtons et j’ai pu un peu courir. Je traverse le centre de Dolonne avant d’arriver à la base vie à 9h55 après un peu moins de 15h00 de course. Mon père m'attend depuis un moment déjà car j'ai 2h de retard sur mes prévisions. La batterie de mon portable étant tombée en panne je n'ai pas pu le prévenir mais mon frère qui me suivait à distance sur le site de la course lui a transmis mes temps de passage. Je lui annonce que j'ai le dos coincé et que je vais aller aux soins. Je récupère mon sac et je fonce chez les kinés. Après seulement 5 mn d’attente un kiné est dispo. Je lui explique mon cas et il m’aide à enlever mon équipement car je ne peux pas le faire tout seul. A plat ventre sur la table la massage me soulage un peu mais après quelques explications le kiné me laisse peu d’espoir sur la réparation immédiate de mon dos. Je pars manger et après 10mn de réflexion je décide de m’arrêter ici. Continuer dans ces conditions ne m’aurait apporté aucun plaisir et je me serais surement arrêter un peu plus loin vu les conditions climatiques de la 2e nuit. Je pense avoir pris une sage décision malgré des jambes qui seraient volontiers allées un peu plus loin.
Je suis déçu mais cette expérience de 15h00 et 4000m D+ me servira pour boucler l’an prochain.

descente sur Courmayeur vers le km 70
(photo : maindruphoto.com)
Cette course est extraordinaire à tous les niveaux. L’organisation est impressionnante et on part sans crainte sur le parcours.
Bravo et merci à tous et à l’année prochaine j’espère.


Le site de la course : The North Face Ultra trail tour du Mont-Blanc
La courbe de dénivelé enregistrée sur mon polar

Pour avoir une petite idée de l'édition 2006 :
reportage France 2
reportage France 3 édition Rhone-Alpes
reportage France 3
reportage France 3 édition Rhone-Alpes